N’est pas Guillaume Tel qui veut
Il y a quelques années, jeune journaliste, j’étais allé à la rencontre de Peter Bichsel. L’écrivain résidait dans la vieille ville de Soleure, et il m’avait reçu avec amabilité bien que morose ce matin-là, un peu ronchon. J’enquêtais sur le pays. Un drôle de pays, un pays étrange, et pourtant familier. « Romands et Alémaniques s’entendent parce qu’ils ne se comprennent pas ! », m’avait-il asséné d’entrée de jeu. Je trouvais la formule géniale, n’insistais pas trop, et la rapportais très fier à la rédaction. Depuis, elle a souvent été reprise pour expliquer le mystère. Celui qui veut que des communautés si différentes, de langues diverses, et de cultures autres puissent coexister pacifiquement, et gérer les affaires du pays sans coup férir. Un mystère que les étrangers perçoivent ainsi, qu’ils nous envient parfois, et que nous-mêmes sommes incapables d’expliquer. Sauf à dire : nous Suisses, nous ne nous comprenons pas.
L’invention d’une nation
Guillaume Tell hantait la première édition de ce livre. Le héros à l’arbalète disait beaucoup, me semblait-il, de la Suisse telle qu’elle veut apparaître : le souci jaloux de l’indépendance, la volonté farouche de n’avoir rien à redevoir au monde, un orgueil certain.
Le défi de la pomme se voulait un test de précision, un tir à l’arc audacieux certes, mais à distance raisonnable. Une épreuve, pas si risquée au fond. Il y avait là déjà une réserve, un avant-goût de l’âme ramassée.
Macron, un Jupiter devenu Vulcain
Macron est un adepte de la pensée magique, c’est-à-dire le pouvoir de provoquer l’accomplissement de ses désirs par sa seule volonté. Ce qui ne l’empêche pas de rechercher en permanence l’onction des puissants, censée, par capillarité, lui restituer puissance et gloire. (…)