Le ciel ne peut pas attendre

Ces F-16 vrombissants qui vont strier le ciel ukrainien sont-ils l’armes fatale qui décidera in fine du sort de la guerre ? On l’ignore. A chaque livraison supplémentaire d’armes et de munitions, on a pu penser que c’était là le tournant décisif. Mais il est vrai qu’en donnant son accord à la livraison des avions à Zelensky, Joe Biden donne un sérieux coup de pouce aux efforts des Ukrainiens pour repousser l’envahisseur russe, et sauvegarder leur indépendance.

Le F-16 est une arme redoutable. Un chasseur polyvalent, bardé de radars et de capteurs, qui peut engager un combat aérien avec des dispositifs électroniques supérieurs, assurer la police du ciel, soutenir les troupes au sol, mais aussi bombarder au loin. C’est d’ailleurs ce qui inquiète Moscou. Et qui perturbe ceux qui ne cessent de brandir la menace de l’escalade. Curieusement, la perspective d’une frappe éventuelle sur le territoire russe les affole davantage que l’invasion actuelle de l’Ukraine.

Poutine ne gagnera pas la guerre. Après la chevauchée fantasque de son armée, le voici dans l’attente, et le repli. Il n’est plus dans l’initiative. La prise de de Bakhmout ne change pas la donne. Il redoute les contre-offensives ukrainiennes, fait face aux récriminations de Prigogine, dont le jeu ambigu en fait un allié louvoyant et peu sûr, il voit Zelensky parcourir le monde, rencontrer la Ligue arabe, puis le G7.

Le président ukrainien, comme toujours, trouve le mot juste pour chacun. A Djedda, le rappel opportun du sort des Tatars musulmans de Crimée, persécutés par la Russie. A Hiroshima, un appel au bon sens de dirigeants peu empressés jusqu’ici de se ranger du côté de l’Occident comme l’Inde ou le Brésil.

Le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, a d’ailleurs eu un mot bienveillant qui sonne d’une manière particulière dans le discours diplomatique : « Je comprends votre souffrance », a-t-il dit à Zelensky. A Samarcande, il y a quelques mois, Modi avait déjà dit à Poutine que l’heure n’était pas à la guerre. Ce n’est pas encore un soutien, bien sûr, mais on sent que les équilibres géopolitiques sont peut-être en train de bouger. L’aventure poutinienne met à mal la planète, et il devient compliqué de ne pas la considérer pour ce qu’elle est, à savoir un plan foireux, et qui embarrasse tout le monde, quel que soient ses positions. 

La décision de Joe Biden désespère ceux qui espèrent encore et toujours que Zelensky lâche du territoire aux Russes et accepte d’abandonner une partie de son pays. Ce qu’ils nomment un compromis, et qui est en fait une acceptation d’un coup de force. Autrement dit, une capitulation. La propagande du Kremlin joue à plein. La fin des hostilités est pourtant simple :  Poutine retire ses troupes du territoire ukrainien, et c’est la cessation quasi immédiate des combats.

Un choix impossible aux yeux d’un dictateur. Les F-16 arrivent ainsi à point dans le ciel ukrainien. Il faudra compter avec eux.

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