Macron en Chine: le facteur Xi?

Il s’est donné pour mission de dompter les monstres de la géopolitique. Poutine d’abord, le poursuivant de coups de fil aussi insistants qu’inutiles. Xi désormais, autre empereur désireux d’étendre son empire. Il est dans le caractère d’Emmanuel Macron de croire qu’à cœur vaillant rien n’est impossible. Une foi touchante qui le rend sympathique, touchant presque, loin de son pays.  

Tout le monde a donc fait comme si. Les médias s’accrochant en pareilles circonstances aux signaux dits faibles, comme la durée des discussions, ou ce thé long partagé avec Xi à Canton. Emmanuel Macron a fait le voyage d’Orient pour convaincre la Chine d’œuvrer en faveur de la paix en Ukraine. Tel est le récit. Xi a d’excellentes relations avec Vladimir Poutine, dont il partage le discours acerbe contre la culture occidentale et dont il semble se montrer un allié bienveillant. C’est un fait. Mais la Chine a d’autres ambitions. Récupérer l’île de Taïwan, sans doute, mais surtout, s’imposer comme la première puissance au monde, et dépasser le rival américain.

Tout ce désordre provoqué par le coup du Kremlin ne l’enchante guère, même s’il ne le montre pas trop. Ce n’est pas bon pour les affaires. Il veut aussi éviter de nouvelles sanctions des Etats-Unis qui compliqueraient le commerce mondial. Ce n’est pas le moment de perdre encore des parts de marché alors que la croissance faiblit. La population chinoise vieillit, les jeunes sont moins désireux de rejoindre les usines, l’avenir se complique pour le géant asiatique. Et pour son président qui veut porter la Chine à la première place du monde, et qui en a fait un objectif ultime. Il n’est pas question qu’il de renonce à ses ambitions.

La position de la Chine est empreinte d’ambiguïtés. Elle chante volontiers des slogans avec Poutine, mais rechigne à lui fournir les armes décisives. Elle observe pateline que la Russie est un caillou dans la chaussure des Américains, qu’elle les occupe beaucoup, qu’elle épuise leurs énergies, et c’est toujours ça de pris.

La diplomatie est aussi faite de récits bien tournés.

La France voudrait peser sur les affaires du monde, à nouveau, comme autrefois, nostalgique d’une puissance passée. Emmanuel Macron n’a fait que renouveler l’exercice tenté par bien de ses prédécesseurs. Il mise sur son entregent et son habileté discursive. Cela ne suffit pas pour infléchir la politique chinoise. La France ne pèse pas tant. Avoir invité la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’a pas impressionné davantage Xi Jinping.

Les tapis rouges à peine enroulés, l’avion présidentiel déjà dans le ciel, en route pour la France, l’armée chinoise annonce qu’elle encercle l’île de Taïwan. Un exercice, à balles réelles. Une réponse au fait que la présidente de Taïwan ait été reçu en Californie par le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy.

C’est bien ce qui se passe là-bas qui importe. Mais la diplomatie est aussi faite de récits bien tournés.

8 avril 2023

Précédent
Précédent

Mourir pour Dantzig, Kiev et Taïwan

Suivant
Suivant

Trump, nouvelle frayeur pour l’Europe