Sécurité, la Suisse à l’heure du choix

Il n’a jamais caché son agacement sur l’OTAN, ni fait mystère de son envie de s’en éloigner, et voilà qu’il est élu président des États-Unis. Donald Trump plonge l’Europe dans l’incertitude. De quoi s’interroger à nouveau sur la solidité du Traité nord-atlantique, et surtout, de s’interroger sur la défense de Europe, et bien sûr la défense de la Suisse. Le sujet a fait l’objet de plusieurs débats ces derniers mois mais il n’y avait aucune urgence, comme si les bouleversements de la géopolitique n’avaient pas encore produit tous leurs effets.

On a bien sûr saisi l’importance de donner plus de moyens à l’armée, de s’équiper au mieux, malgré les doutes que nous ressentons parfois sur les programmes d’investissement d’une armée friande de matériel lourd et coûteux. Mais on sent bien que tout cela n’est pas suffisant. Il va falloir définir plus clairement ce que doit être notre stratégie de sécurité. Une neutralité armée bien sûr, mais dont on sait qu’elle ne suffirait pas à faire face à un conflit généralisé en Europe.

L’invasion de l’Ukraine a montré que la guerre ne se gagne, ou ne se perd, pas uniquement sur le terrain. Qu’elle s’étend sur le cyberespace, qu’elle revêt des formes hybrides, qu’elle s’appuie sur des alliés, qu’elle exige des ressources propres et des sources d’approvisionnement sécurisées. Les drones, les informations délivrées par les satellites d’observation sont tout aussi importants qu’une flotte de supersoniques.

L’élection de Donald Trump nous contraint à sortir de l’ambiguïté, ce qui n’est pas un exercice facile aujourd’hui. Parler de sécurité, c’est aussi évoquer la neutralité et la nécessité de se mettre d’accord sur son emploi et sur ce qu’elle représente. Les deux dernières guerres nous ont épargnés, mais la neutralité et le Réduit national y ont joué un rôle moins crucial comme on le sait bien aujourd’hui.

Ce n’est pas en nous retirant du monde que nous échapperons à ses malheurs. Se rapprocher opérationnellement de l’OTAN est pour l’heure l’option choisie. Des sondages récents ont montré que les Suisses n’y étaient pas opposés. Mais il va falloir suivre attentivement ce qui va se passer aussi en Europe, alors même que nous sommes pris dans une valse-hésitation en faveur de nouveaux accords bilatéraux.

Ce qui est sûr, c’est que l’effort d’armement ne peut se faire au détriment de l’aide au développement. C’est l’autre pilier de notre politique extérieure, et les considérer comme des vases financiers communicants serait une erreur.

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